Et oui entre 2 expos je m'entretiens d'autant plus que le salon de coiffure dans lequel je me rends (sur rendez-vous uniquement !!) a été scénarisé par Mocky et coproduit par Fassbinder.

Le décor date des années 80 et Monsieur François me fait la coupe : la soixantaine, le cheveux soyeux, chemise noire, cravate noire (avec quelques cheveux des coupes précédentes), gourmette, chevalière avec idéogramme japonisant. Bref le coiffeur en préretraite. Il est assisté de son épouse, blonde rombière choucroutée dont la forte poitrine reste au dessus des genoux grâce à la ceinture du jean trop serré. Et puis il y a aussi Priscilla, la shampouineuse rondouillette. La troisième assistante ne fait rien et pour cause : elle est en fauteuil roulant et son rôle consiste à tenir la grappe à la femme du patron en feuilletant le ParisMatch de l'année dernière.
Donc j'arrive, direct le vestiaire puis le shampoing avec l'assistante (façon doublure de veau marin des documentaires Cousteau). "Ca va ? C'est pâs trop chââuud ?? Ben dites donc vous avez beaucoup de pellicules vous hein" merci sympa dis le plus fort personne n'écoute. "Mais non le beau temps revient c'est la fonte des neiges" Non mais gourdasse va !!
Pendant ce temps Monsieur François en profite pour finir la cliente précédente histoire d'avoir le temps de griller un clope à coté de la caisse enregistreuse (faut bien vérifier la recette du jour). Au même moment la patronne explique à l'handicapée de service les vacances d'une de ses amie atteinte d'un cancer des os (elle a eu de la chance elle a échappée à une leucémie, sic), qui s'est pétée une vertèbre en recevant un ballon sur la plage. Honnêtement il faut se mordre les lèvres pour ne pas éclater de rire.
Et voila c'est déjà l'heure de la coupe (là l'été arrive donc bien court parce qu'en demi saison il me la fait façon Eddy Mitchell). Après la coupe un petit shampoing pour enlever les petits cheveux. Cela permet en fait à Monsieur François de s'fumer une p'tite tige. Gel parfum kiwi (ça couvre l'odeur de nicotine) et séchoir. Puis carte bleue et une troisième Gitane pour le patron.
En une demi-heure, j'ai fait une thèse d'oncologie et en prime je peux enfin me mettre en terrasse sans avoir une mèche rebelle au premier coup de vent.